Accueil » Non au géocentrisme géométrique, oui a géocentrisme philosophique

Par Xavier Bonneau

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L’article de Sungenis & Bennet (inLe Cep 69 de novembre 2014, p. 8-36) est une bonne réfutation de la prétention des scientistes à vouloir « évacuer » le Créateur et à se proclamer dieux eux-mêmes : une enflure d’ailleurs vieille comme le monde et qui se démonte avec de bons arguments : religieux, philosophiques et scientifiques (tout simplement parce que les théories correspondantes ne tiennent pas la route). Il y a de bonnes références à des déclarations à la fois orgueilleuses et finalement stupides de certains cracks de l’astronomie. L’un des arguments des auteurs me semble toutefois peu convaincant, pour ne pas dire contre-productif.

A plusieurs reprises (p. 16, 17, 30 & 35), ils font appel à l’immobilité supposée de la Terre pour contrer les scientistes. Cet argument est pour moi non recevable.

La réalité est bien plus simple. Les astres tournent les uns autour des autres selon la loi de la gravitation établie par Newton qui régit l’attraction des corps célestes entre eux. Cette loi a été vérifiée sans aucune exception par des générations d’astronomes pour prédire la position des astres et elle a été confirmée de façon imparable lorsque des vaisseaux spatiaux ont pu s’arracher à l’attraction terrestre et que leurs équipages ont constaté de visu la forme des astres et leurs mouvements relatifs en direct.

Le géocentrisme, comme l’héliocentrisme ou comme quelque centrisme astral que ce soit, est une illusion d’optique à laquelle il serait vain de s’accrocher. Mais cela ne change rien à la vraie question : la planète Terre est-elle un astre parmi des millions d’autres dans un univers hasardeux sorti de rien, ou bien la planète Terre a-t-elle été conçue et placée à cet endroit par un Créateur infiniment bon et intelligent pour y abriter certaines de ses créatures ?

Première hypothèse : si la planète Terre n’est pas vraiment originale, on devrait trouver des planètes très voisines – et susceptibles d’abriter des formes de vie – dans d’autres parties de l’univers, sachant que celui-ci est garni d’astres divers en abondance. Il y a un nombre fini mais très grand d’étoiles, dont un bon paquet muni de systèmes planétaires, dont une petite proportion –, mais cela ferait quand même encore des milliers de candidats – de systèmes avec une étoile centrale présentant certaines des caractéristiques de notre soleil, dont une fraction ayant des planètes qui tournent à la distance appropriée, etc. Bref, selon la technique des poupées russes, il doit bien y avoir des planètes « adéquates ». La Terre serait l’un des multiples résultats possibles de combinaisons hasardeuses qui ont suivi le Big bang. On a été déçu avec celles du système solaire, Mars en particulier, mais après tout, les moyens d’investigation nous permettront d’aller toujours plus loin et avec plus de précision ; donc patience, ça viendra.

Seconde hypothèse : si la planète Terre est unique en son genre, abritant un décor où prospèrent des créatures dont l’une est intelligente au point de chercher à comprendre le comment et le pourquoi des choses, elle est bien le centre – au sens philosophique et non géométrique du terme – d’un univers conçu par un Créateur, dans ce sens que tout ce qui se meut dans l’espace est ordonné à créer des conditions favorables à la vie de créatures dont l’une en particulier : l’espèce humaine, à laquelle Il a apporté toute son attention. Dans cette hypothèse, il n’y a pas de seconde Terre ni même d’astres semblables.

Dans la première hypothèse, il est vital pour les tenants du scénario hasardeux qu’on trouve sans trop tarder des planètes abritant des formes de vie. C’est comme les « chaînons manquants » : on recherche toujours les traces des innombrables formes intermédiaires nécessaires à la validité de la théorie de Darwin, et comme on n’en trouve pas – ou trop peu –, on invente des arbres généalogiques pour satisfaire à la théorie.

En revanche, même si l’on trouvait d’autres mondes abritant la vie, cela ne serait pas forcément la fin de l’idée d’une création intelligente.

La fin du géocentrisme oui ! Mais cela voudrait dire simplement que le Créateur ne s’est pas limité à notre petite portion d’univers visible pour faire œuvre de création de vie. J’avoue qu’on aborde là des questions théologiques qui me dépassent. Certes, tout porte à croire que la Terre et que les espèces qui y vivent sont uniques. Cela étant, le Créateur n’a pas de comptes à rendre à ses créatures et nous savons bien qu’il se passe dans les cieux (« l’univers invisible ») des événements dont nous ne connaissons que ce qui est nécessaire à notre salut. En ce temps de Pâques, il est déjà extraordinaire que Notre-Seigneur ait bien voulu nous montrer ce qu’est un corps glorieux après Résurrection : corps notamment affranchi de certaines lois physiques qui limitaient ses mouvements. 

Or, plus on avance dans les connaissances, en astrophysique et en biologie notamment, plus on s’aperçoit que les conditions nécessaires à l’éclosion de la vie sont nombreuses et contraignantes dans leur interdépendance (source : Denton 2005). Je ne les détaille pas ici, mais très grossièrement il faut une étoile de taille convenable émettant des ondes et des particules données, une planète de taille donnée tournant à bonne distance de l’étoile et, surtout, une configuration astrale générale autour de cette planète, qui fait que les conditions physiques et chimiques qui y règnent soient compatibles avec la vie.

Et il ne s’agit pas pour une planète donnée de remplir la moitié ou les trois quarts de ces conditions pour être éligible. Il faut les remplir toutes sans exception, et il y en a beaucoup.

Nous nous trouvons dans ce domaine de l’astronomie exactement dans la même position que dans le domaine de la biologie. La moindre cellule vivante est d’une telle complexité d’organisation et d’une telle efficacité de fonctionnement, dans l’ensemble comme dans le détail, qu’on est contraint de se demander comment elle aurait pu naître d’une soupe primitive par une série d’essais et d’erreurs à l’aveugle. Par analogie, la planète Terre est tellement « habitable » avec tous les paramètres concordants qu’on se demande comment des processus purement aléatoires auraient pu aboutir à une telle mécanique de précision.

Voyez d’ailleurs les planètes voisines de notre système solaire, les planètes dites « telluriques » : Vénus ou Mars, ou des satellites de taille similaire tel Titan autour de Saturne. Ces astres présentent certes des similitudes avec la planète Terre, mais si je me réfère aux découvertes qu’on y a faites, ils sont encore loin de la perfection : il leur manque bien des paramètres pour être des candidats crédibles au statut de berceau potentiel de lointains cousins.

Pour résumer, au lieu de s’accrocher à des théories arbitraires ou factices telles que l’immobilité de la Terre, il serait plus judicieux de développer la thèse du caractère merveilleux et – jusqu’à preuve du contraire – unique dans l’univers connu, de notre globe terrestre.

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