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Par Péroteau J.-F.

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De M. J.-F. Péroteau (Bordeaux)

Les réflexions du père Bruckberger sur l’inégalité m’ont aussi donné à réfléchir en qualité de biologiste. La loi naturelle, c’est l’inégalité. La vie n’est possible que grâce aux complémentarités que permettent les inégalités. Or deux choses complémentaires sont, avant tout, différentes. En effet, deux choses égales ne peuvent être complémentaires, elles sont côte à côte et ne participent pas à la grande symbiose de la vie1.

On parlera de l’égalité des droits, de l’égalité devant la loi, de l’égalité des chances. Mais les hommes possèdent des capacités naturelles différentes ; les uns sont faits pour tel métier, les autres pour tel autre !

Le monde vivant des végétaux et des animaux est fait de milliers d’inégalités qui vont permettre des milliers de complémentarités ; des variétés d’abeilles pour des variétés de miels, grâce aux milliers de variétés florales.

L’égalitarisme nie l’altérité, la différence ; en les niant, il porte atteinte à la liberté. L’égalitarisme, c’est le nivellement. Avec l’abolition imposée de la hiérarchie naturelle, c’est l’ordre naturel qui est perturbé, la liberté diminuée. L’égalitarisme est le masque de l’envie, de la jalousie. Mais on ne trouvera l’égalité parfaite que dans les cimetières. (Et encore…)

Parlons de Jean, le disciple bien aimé, la figure de l’inégalité ; sa nature est bien analysée par le frère David Perrin o.p. : « Notre époque démocratique peine à accepter l’inégalité. Inégalité, pour nous, rime forcément avec injustice ! Gare aux branches qui dépassent […] Jean, le premier de la classe ; celui qui comprenait toujours mieux que tout le monde, qui reposait sur la poitrine du maitre […], qui fut le premier arrivé au tombeau, le premier à croire ! Toujours le premier… Jean est la figure de l’inégalité, mal aimé des hommes, mais bien aimé de Dieu. Les faveurs que certains reçoivent ne sont pas que pour eux, mais aussi pour les autres ! Qu’il y ait des bien-aimés ne signifie pas que les autres soient des mal-aimés : quand Dieu donne à l’un, c’est le bien de tous qu’il vise. Les uns profitent des talents naturels et surnaturels des autres. Ceux qui ont reçu des dons supérieurs aux autres ont pour mission de faire profiter la communauté de leurs talents. Apprenons avec Pierre à ne pas désespérer si l’un de nos frères nous devance. Soyons-lui, au contraire, reconnaissant de nous ouvrir la voie et de nous introduire là où il est parvenu avant nous2. »


1 Ndlr. L’égalité aurait un sens entre deux êtres identiques. Mais ce cas de figure ne se rencontre nulle part dans la Création : il n’existe pas deux feuilles d’arbre ou deux galets identiques. Même les jumeaux ne sont pas identiques à 100%. Même la dépersonnalisation des hommes en les désignant par leur seul numéro matricule revient à avouer qu’ils sont différents.

2 David PERRIN, o.p., in Bulletin du Rosaire, n° 786, mars 2023, 20, rue des Ayres, 33 000 Bordeaux.

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