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SOCIETE
« Il a plu à Dieu qu’on ne pût faire aucun bien aux hommes qu’en les aimant.«
(P. Le Prévost)
Résumé : Trois récents communiqués de presse devraient intéresser les lecteurs du Cep. Le 29 janvier, le Patriarche Alexis II prenait position publiquement, lors d’une conférence sur l’éducation donnée au Kremlin, pour l’enseignement biblique de la Création dans les écoles publiques de Russie, se fondant sur les droits de la majorité orthodoxe dans la population. Le lendemain, l’Archiprêtre Vsiévolod Tchapline (du Département pour les Relations Extérieures de l’Eglise Russe moscovite) a défendu le droit des familles à choisir l’explication de l’origine de l’homme devant être enseignée à l’école. Il s’est opposé au monopole actuel du darwinisme, présenté comme une « vérité scientifique indiscutable » alors qu’il s’agit d’une « hypothèse », d’une « théorie qui offre peu de preuves ».
Enfin le 1er mars, l’Eglise Orthodoxe Russe, soutenue par les catholiques et les protestants, a demandé « une réécriture de la Déclaration universelle des droits de l’homme ». En effet ces droits et libertés servent à « insérer progressivement des idées contraires aux traditions chrétiennes et aussi à celle de la morale traditionnelle sur l’homme ». Il s’agit d’une réaction contre l’individualisme, considéré par ces chrétiens russes comme une régression sociale autant que morale.
Le Patriarche russe orthodoxe attaque l’enseignement de Darwin dans les écoles.
Moscou, le 29 janvier 2007 (RIA Novosti)
Imposer aux écoliers la théorie que les hommes descendent du singe est inacceptable, a déclaré lundi le chef de l’Église orthodoxe russe.
Depuis l’effondrement de l’Union Soviétique, l’Église a fait campagne pour le droit d’enseigner les bases de la foi orthodoxe dans les écoles publiques, en défi à la théorie darwinienne de l’évolution qui était le dogme officiel du temps des soviets.
La question a acquis une célébrité particulière depuis que l’élève Maria Schraiber et son père ont intenté un procès demandant que le darwinisme soit privé de sa position dominante dans le cursus scolaire russe, qualifiant son enseignement à l’exclusion des autres théories de violation grave de la liberté de choix.
» L’enseignement de la théorie biblique de la création du monde ne nuira pas aux élèves. Si les gens veulent croire qu’ils descendent du singe, très bien ; mais qu’ils n’imposent pas leur opinion aux autres, » déclara le Patriarche Alexis II de Moscou et de toute la Russie lors d’une conférence sur l’éducation au Kremlin, à laquelle assistaient des officiels du gouvernement et des militaires, des personnalités publiques et de la culture et des leaders spirituels de Russie et d’anciennes républiques soviétiques.
Alexis II dit qu’il était important non seulement de respecter les droits des minorités, mais aussi ceux de la majorité orthodoxe que l’Église estime constituer 90% de la population russe totale et dont les enfants « devraient connaître les bases de leur religion. »
« S’il est adopté, le sujet ne constituera pas une violation du principe de laïcisme inscrit dans la Constitution », dit-il, ajoutant que l’enseignement des fondements de l’orthodoxie empêchera les idées de nationalisme et d’extrémisme de prendre racine à l’école.
La demande des dirigeants orthodoxes d’un cours sur l’histoire du christianisme, optionnel ou obligatoire, à inclure dans le cursus scolaire, a rencontré l’opposition des leaders des autres croyances pratiquées en Russie, qui disent qu’un cours sur l’histoire de toutes les religions devrait être introduit.
Les avocats d’une société laïque ont protesté contre toute introduction d’un tel cours à l’école, disant que même si les élèves sont intéressés et qu’il soit introduit, il devrait être enseigné par des professeurs laïcs et qu’il devrait être facultatif.
La prescription stricte du darwinisme imposée aux écoles doit céder la place au droit pour l’élève de choisir sa vision du monde en matière de sciences, déclare un représentant de l’Église Orthodoxe Russe.
Moscou, le 30 janvier, Interfax.
Le vice-président du Département pour les Relations Extérieures de l’Église du Patriarcat de Moscou, l’archiprêtre Vsiévolod Tchapline, a défendu le droit des enfants et de leurs parents à choisir l’explication de l’origine de l’homme et de la vie sur terre à étudier à l’école.
« Jusqu’à maintenant il y a le monopole et la stricte prescription du darwinisme, lequel, bien qu’il ne soit qu’une hypothèse, une théorie sur l’origine de l’homme et du monde, est présenté aujourd’hui comme une vérité scientifique indiscutable », a déclaré le P. Vsiévolod lors de son entretien à la radio Echos de Moscou.
Beaucoup de scientifiques pensent que dans la théorie de Darwin » il y a pas mal d’argumentation abusive » et des faits archéologiques, présentés comme « indiscutables » dans les manuels soviétiques, mais qui sont en réalité « très fragmentaires » et « ne peuvent jamais fournir une base solide pour prouver qu’une espèce biologique peut évoluer en une autre. »
« En tout cas, cette théorie offre peu de preuves. Alors, prétendre qu’elle est une vérité scientifique prouvée est au moins imprudent », déclare le représentant du Patriarcat de Moscou qui a signalé aussi que la théorie de Darwin contient beaucoup d’idéologie.
Les élèves et leurs parents devraient « bénéficier du droit d’avoir leur vision du monde enseignée dans les écoles, » dit-il.
Il fait partie du droit international que le programme scolaire corresponde à la vision du monde des familles réelles, observa encore le P. Vsiévolod.
Les droits de l’homme ne font pas recette auprès des chrétiens (Kommersant)
Moscou, 1er mars 2007 – RIA Novosti.
L’idée de l’Eglise orthodoxe russe (EOR) de reconsidérer les valeurs libérales bénéficie de l’appui des catholiques et des protestants. Une réunion des dirigeants des confessions chrétiennes des pays de la CEI et de la Baltique (Estonie, Lettonie et Lituanie) s’est achevée mercredi à Moscou. L’un de ses thèmes principaux a été l’initiative de l’EOR de réviser la conception des droits de l’homme qui s’est formée dans le monde laïque. La position de l’EOR a été soutenue par les catholiques et les protestants, qui se prononcent désormais en faveur d’une réécriture de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
L’Eglise orthodoxe russe, qui à plusieurs reprises déjà avait tenté de conférer une connotation religieuse au thème des droits de l’homme, avait initié cette rencontre dans le cadre de la préparation de la IIIe Assemblée oecuménique européenne.
L’idée de réexaminer la conception des droits de l’homme adoptée dans la société laïque avait été évoquée la première fois il y a un an au Congrès mondial du peuple russe. « Nous voyons comment le concept des droits de l’homme est utilisé pour masquer le mensonge et l’insulte aux valeurs religieuses et nationales, avait dit alors le coprésident du Congrès, le métropolite de Smolensk et de Kaliningrad Kirill. D’autre part, dans l’ensemble des droits et des libertés de l’homme on insère progressivement des idées contraires aux traditions chrétiennes et aussi à celles de la morale traditionnelle sur l’homme ». Selon le métropolite Kirill, « la propagande de l’individualisme conduit tout droit à la régression démographique, au comportement asocial et amoral ».
« Nous soutenons l’initiative de l’EOR parce que la mentalité laïciste (secular, en anglais) viole les droits des croyants », a déclaré à Kommersant le pasteur de l’Eglise luthérienne de Lituanie, Darius Petkunas, qui a pris part à la rencontre.
« Cela ne semblera peut-être pas démocratique, mais la restriction des libertés est un bien qui permettra de préserver la morale et la civilisation », a dit comme pour l’appuyer le président de l’Union russe des chrétiens de foi évangélique, Sergueï Riakhovski.
Les protestants sont allés plus loin que les autres dans cette offensive contre les droits de l’homme laïques. « Nous sommes contre la démocratie qui est à l’origine de la décomposition de la société, a déclaré au quotidien Kommersant le président de l’Union russe des chrétiens de foi évangélique (pentecôtistes), Pavel Okara. Il nous faut une démocratie évangélique avec une morale évangélique, où l’on appelle un chat un chat et un péché un péché. »
Le secrétaire général de la Conférence des églises européennes, Colin Williams, a promis aux orthodoxes qu’ils pourraient se prononcer sur cette question lors de l’Assemblée Oecuménique européenne qui se tiendra au mois de septembre en Roumanie.
Cette manifestation adoptera très probablement un appel spécial de personnalités religieuses à l’Union européenne. « Nous nous prononçons pour un changement réel de la situation en ce qui concerne les droits de l’homme, jusques et y compris pour une réécriture de la Déclaration universelle des droits de l’homme, a déclaré à Kommersant l’administrateur de l’Union russe des chrétiens de foi évangélique le pasteur Konstantin Benas. Parce qu’il ne peut pas y avoir de droits universels de l’homme ».