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Par Girod Ludovic Abbé2

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Vous avez dit « antispécisme » ?1

Résumé : Un nom étrange – encore un « -isme », peu euphonique au demeurant – fait florès : « antispécisme ». Il s’agit d’attribuer même statut, même dignité et mêmes usages aux espèces animales et à l’homme. Derrière cette idée, bien sûr, se trouve l’évolutionnisme darwinien, mais aussi diverses considérations comme de dénoncer « l’illusion de prééminence » ou « l’arrogance » chez l’homme. Le christianisme différencie l’âme humaine spirituelle, impérissable, et l’âme proprement animale. Les antispécistes critiquent donc l’Église : même saint François d’Assise ne leur plaît pas ! Ce mauvais procès repose en partie sur une méconnaissance de la doctrine biblique de la Création : l’homme est établi par Dieu comme « maître » [il « domine » (Gn 2, 28) sur les autres créatures], ce qui le rend responsable du bon usage et de la préservation de ses « frères inférieurs ».

Fait divers dans le département de l’Ain : dans la nuit du 27 au 28 septembre, un abattoir situé à Haut-Valromey fut détruit par un incendie certainement d’origine criminelle (six départs de feu et des bidons d’accélérant vides trouvés sur place). Les groupes radicaux d’antispécistes sont fortement soupçonnés. Ils s’en prennent d’ailleurs de plus en plus souvent à des boucheries ou à d’autres commerces similaires, à coup de tags et de dégradations.

Mais qui sont donc ces antispécistes ? Ce sont ceux qui affirment qu’il n’y a pas de différence essentielle entre les hommes et les animaux, et donc pas de hiérarchie entre eux3.

En résumé, que l’homme ne serait qu’un animal comme les autres. En soi, les antispécistes ne nient pas les différentes espèces, même si leur postulat darwinien inclut une vision évolutive et nominaliste de cette notion, mais ils refusent de considérer l’homme comme le maître de la création, lui récusant le droit d’utiliser les autres espèces, les « animaux non-humains » comme ils disent, pour subvenir à ses besoins. Ils sont en général soit végétariens (ceux qui ne consomment pas de chair animale), soit végétaliens (ceux qui ne consomment aucun produit issu de l’élevage : ni viande, ni lait, ni œufs), voire même parfois véganes (ceux qui, en plus d’être végétaliens, refusent d’utiliser tout produit venant des animaux, comme le cuir, la laine ou la soie).

Garçon portant un chat

Ce mouvement est apparu dans les pays anglo-saxons durant les années 1970. Il commence à se faire connaître et à se propager en France, soit par des publications, des études, des conférences, soit par des actions spectaculaires visant à dénoncer les cruautés infligées aux animaux dans certains abattoirs (c’est ce que fait notamment l’association L 214 4).

Certains groupes se mettent en scène sur les voies publiques afin de créer l’événement sur les réseaux sociaux. D’autres enfin attaquent commerces ou abattoirs.

Ce mouvement regroupe des courants divers qui vont de ceux qui veulent améliorer la situation des animaux, notamment dans l’élevage, à ceux qui veulent interdire toute souffrance infligée à un animal et tout « animalicide », et donc imposer à la population un régime végétarien voire végétalien.

Mais essayons de comprendre les principes sur lesquels les antispécistes basent leur réflexion et leur action.

Le postulat évolutionniste

Tous les antispécistes s’appuient sur les travaux de Charles Darwin et professent de manière dogmatique un évolutionnisme de stricte observance5. Ils estiment que les animaux et les hommes descendent d’ancêtres communs et se sont diversifiés selon le fameux principe des mutations aléatoires qui ne réussissent que si elles apportent un avantage à l’espèce6. C’est ainsi que l’homme a pu faire des progrès remarquables (comme le langage doublement articulé7, les outils, les découvertes techniques et scientifiques) qui ont creusé l’écart par rapport aux autres espèces mais qui ne légitiment en rien que l’homme se considère comme supérieur. Sa vie n’est pas plus sacrée ou inviolable que celle des « animaux non humains8 ».

À ce fondement évolutionniste se rajoutent diverses tendances philosophiques. Ainsi, Peter Singer se dit adepte de l’utilitarisme de Bentham, philosophe anglais (1748-1832). La morale utilitariste rejette tout principe universel et jauge dans chaque cas l’intérêt et les inconvénients de l’action. Pour Singer, il vaut ainsi mieux tuer un être humain gravement malade qu’un animal en bonne santé.

Certains antispécistes aiment à rapporter que la pensée hindouiste étend au règne animal la pitié qui doit nous animer et condamne toute violence faite aux animaux. Il est vrai que l’hindouisme enseigne la transmigration des âmes : l’âme de ce moustique, qui se nourrit de mon sang, est peut-être celle d’un de mes ancêtres9. Mais les antispécistes sont en général matérialistes et ne croient pas à l’existence d’une âme immortelle, dût-elle passer de corps en corps.

Les animaux sont des êtres souffrants

Les antispécistes soulignent également que les animaux, loin d’être des machines complexes aux mécanismes miniaturisés, comme l’avait avancé Descartes au XVIIe siècle, sont des êtres capables de ressentir la douleur, des êtres souffrants. Ils en veulent beaucoup au cartésianisme d’avoir ainsi privé les animaux de toute sensibilité, mais ils lui reconnaissent quand même le mérite d’avoir combattu la pensée d’Aristote et de saint Thomas d’Aquin, qui inclut, horresco referens, l’étude de la cause finale.

Prêtre bénissant des ruches

Ils insistent sur les capacités cognitives de certains animaux, en particulier des primates. Nous pouvons citer par exemple ce texte de Karine Lou Matignon : « À l’intelligence animale, il était préféré le terme de « cognition », et l’idée même que la justice et la solidarité puissent exister chez les animaux semblait improbable. Aujourd’hui, les chercheurs n’hésitent plus à proposer une véritable réflexion sur l’altérité, l’individualité et la personne animales. Les espèces jugées « stupides » ou classées dans les catégories des « consommables », des « machines » et des « nuisibles » se révèlent finalement capables de fabriquer des outils, de faire preuve d’humour, de dissimulation, de folie, de colère, d’amitié et de sens moral10. » 

Les travaux des éthologues, ces spécialistes du comportement des animaux, sont mis à contribution pour nous prouver que les animaux parlent, qu’ils sont capables d’apprendre et de transmettre des connaissances, qu’ils ont la conscience d’eux-mêmes11, qu’ils éprouvent des émotions, des passions, qu’ils vivent dans des groupes aux relations sociales complexes. Les concepts d’altruisme, de générosité, de réconciliation sont utilisés pour décrire les comportements des animaux.

Ces études sont exposées dans des revues scientifiques12 et vulgarisées dans des périodiques destinés au public le plus large13. Les antispécistes fabriquent et manient les concepts nouveaux d’« illusion de prééminence », d’« égalité de considération », d’« arrogance du « propre » de l’homme » ou de « zoophobie ».

Deux perruches

Une exigence éthique basée sur la pitié

Nous pourrions objecter aux antispécistes que si l’homme doit respecter le droit à la vie des animaux, les carnivores pour l’instant ne semblent pas disposés à faire de même.

Le lion semble apparemment encore vouloir se reconstituer de gazelles assimilées. Cette constatation ne dérange pas les végans. Ils répondent que l’évolution a permis à l’homme d’atteindre un niveau moral supérieur à celui des autres espèces, ce qui lui impose le devoir moral de respecter les droits de tous les animaux. Comme le dit Peter Singer : « Au nom de la longue évolution que nous avons connue, nous sommes passés progressivement d’un comportement moral, réservé à la famille proche originelle, à un comportement moral susceptible de s’appliquer au reste de l’humanité. Mais il reste un pas très important à franchir : le spécisme14. » 

Cette extension de notre compassion est une exigence éthique qui doit peu à peu s’imposer à toute l’humanité sous la contrainte des lois. L’humanité est en marche vers un progrès nécessaire dont une des étapes est l’antispécisme. D’où l’utilisation de la violence par certains groupes radicaux afin de hâter cette révolution éthique. Comme l’explique Alain Finkielkraut, en s’appuyant sur une analyse d’Hannah Arendt, ceux qui invoquent la pitié pour mener une révolution possèdent un potentiel de cruauté supérieur à la cruauté elle-même, ils se laissent aller aux pires violences au nom de la « furie de la pitié »15.

Haro sur le catholicisme

Les antispécistes, évolutionnistes et matérialistes, n’apprécient guère l’enseignement de l’Église catholique sur l’âme spirituelle que Dieu accorde à chaque homme, alors que les animaux en sont dépourvus. Élisabeth de Fontenay juge même que la disparition des sacrifices dans la Loi évangélique rabaisse l’animal en lui enlevant son statut appréciable de victime d’un sacrifice religieux.

Peter Singer explique que ce fut à cause du catholicisme que le Mouvement de libération animale a connu des difficultés pour s’implanter dans certains pays d’Europe. D’après eux, les catholiques ont minimisé la souffrance animale et l’Église, jusqu’à il y a peu, ne considérait pas comme un péché les mauvais traitements infligés aux animaux16. Même saint François d’Assise se voit accusé de cruauté envers les animaux alors que tous les traits manifestant son amour de la création sont qualifiés de « légende ». Il ne reste plus aux antispécistes qu’à se joindre aux Femen pour attaquer les lieux de culte catholiques !

Notons également que l’idéologie végane prospère à l’ombre de Malthus : les hommes sont trop nombreux sur la terre et mettent en danger l’équilibre de la planète. L’espèce dangereuse, c’est l’espèce humaine, il faut la réduire pour laisser la place aux animaux : « La seule façon de parvenir à cohabiter serait, pour nous, de ralentir, puis d’arrêter notre croissance démographique17. »

Rappels de saine philosophie

Après cette courte exposition de la pensée antispéciste, donnons quelques principes de bonne philosophie qui permettent de juger ces questions à la lumière de la vérité.

Saint Thomas, qui reprend en cela Aristote, explique que les créatures matérielles forment une hiérarchie basée sur les différents degrés de l’émanation vitale. Nous avons ainsi les minéraux, corps inertes, qui n’ont aucun mouvement qui vient d’eux-mêmes. Au-dessus, les végétaux, qui ont le premier degré de la vie : leur être est organisé, il est capable de se nourrir, de croître et de se reproduire.

Viennent ensuite les animaux qui, outre les fonctions de l’âme végétative, ont la sensation, qui est la faculté de connaître les êtres singuliers. Ils ont aussi, le plus souvent, la faculté de se déplacer. Mais les animaux ne peuvent pas réfléchir sur eux-mêmes : ils perçoivent par les sens les formes extérieures qu’ils gardent ensuite dans le trésor de leur imagination. Le degré suprême et parfait de vie dans les êtres matériels est le degré humain, qui ajoute la connaissance intellectuelle, qui parvient à l’universel et peut se pencher sur soi-même, ainsi que la volonté libre qui se porte vers un bien particulier sans être nécessitée par lui.

Les animaux ont avec les hommes tout ce qui relève du sensible : les sens externes, la mémoire, l’imagination. Ils ont des tendances innées qui, éclairées par ce que les thomistes appellent la « cogitative », constituent l’instinct. Cet instinct leur indique, sans qu’ils aient besoin de l’apprendre, tout ce qui leur est nécessaire pour assurer la survie de l’espèce : construire un nid, organiser une ruche, communiquer, chasser, éviter les prédateurs. Cet instinct animal, qui est une participation de l’intelligence divine, entraîne notre admiration de manière très légitime. Il n’est pas susceptible d’évoluer, même si un animal peut découvrir une astuce que ses congénères vont imiter. Les animaux qui vivent en groupes hiérarchisés sont qualifiés de « sociaux » et non de « politiques ». Seul l’homme est un animal politique, car il peut faire évoluer les règles de l’organisation sociale.

Les animaux éprouvent bien des passions (colère, amour, haine), mais elles se cantonnent au domaine de la vie sensible, de la connaissance du particulier. Les espèces domestiquées manifestent fidélité et affection, compréhension et compassion envers leur maître. Mais leur âme n’est pas spirituelle, contrairement à celle de l’homme. Quand un animal meurt, son âme disparaît aussitôt, car son existence est intrinsèquement liée au corps qui l’abritait. Quand un homme meurt, son âme spirituelle subsiste, son activité intellectuelle et volontaire n’est, en effet, pas intrinsèquement liée au corps matériel. Voilà pourquoi la vie d’un homme est sacrée et pourquoi celle d’un animal ne l’est pas.

Toutes les observations faites par les éthologues sérieux, loin de supprimer la barrière qui sépare les hommes des animaux, manifestent au contraire le fondement de cette barrière.

L’animal est cantonné au sensible et au particulier, l’homme s’élève à l’universel, au monde des idées et fait des choix libres et responsables. Le test du miroir permet d’affirmer que l’animal saisit que c’est sa propre image qu’il a devant les yeux, non qu’il soit capable de faire une réflexion sur lui-même. Le langage animal n’est qu’un langage au sens large, il se limite à quelques notions immédiatement utiles pour l’espèce : le territoire, la nourriture, le danger, la domination. Il a pour but de transmettre une information ou de pousser celui qui en est le destinataire à adopter l’attitude convenable18. L’animal est insensible au beau, qui suppose la perception intellectuelle en même temps que la perception sensible.

La question de la souffrance animale mérite aussi d’être précisée. L’animal ressent la douleur comme nous, mais sans avoir d’attitude réflexive sur cette douleur. L’homme ressent la douleur, mais ajoute à cette perception la connaissance de son état : il se sent souffrant. On peut ainsi parler de souffrance humaine. Cette différence ne justifie en rien la cruauté, la violence gratuite envers les animaux, qui a toujours été considérée comme un péché par l’Église, contrairement aux allégations mensongères des antispécistes. Cette violence gratuite n’est pas une faute contre l’animal, qui n’est pas un sujet de droit, mais une attitude déraisonnable de l’homme19.

Nos devoirs envers la Création

Si l’homme est légitimement le maître de la Création, il doit cependant s’en servir pour son salut et en se réglant sur la droite raison. L’utilisation abusive des ressources naturelles est la conséquence non du catholicisme, mais du libéralisme économique qui s’est imposé avec la Révolution française en brisant l’alliance du Trône et de l’Autel, en rejetant l’influence légitime de l’Évangile sur la vie publique des nations. Les dégradations des conditions d’élevage sont dues, d’une part, à une industrialisation de la filière qui doit faire face à des habitudes de consommation massive et, d’autre part, à la recherche des moindres coûts pour faire face à la concurrence. L’Église ne prône ni une consommation massive de viande, ni le diktat de la rentabilité. Si elle se permet de donner des conseils dans le domaine économique, c’est pour promouvoir une économie à taille humaine permettant à chaque père de famille de subvenir aux besoins des siens, loin du gigantisme productiviste prôné par le mondialisme.

Les chrétiens ont toujours entretenu de bons rapports avec les animaux, en les laissant tout simplement à leur place de « frères inférieurs » et sans les idolâtrer. Ils peuvent, certes, servir à notre nourriture, mais peuvent aussi remplir d’autres rôles : dans le passé, collaborateurs de nos travaux, en tout temps, compagnons de nos vies. Bien des saints ont reçu l’aide d’animaux spécialement envoyés par Dieu. Je pense bien évidemment au Grigio, le gros chien « gris » qui tant de fois a protégé saint Jean Bosco lors de ses déplacements dans les faubourgs de Turin, ou au corbeau de saint Benoît qui lui apportait tous les jours, alors qu’il était ermite, un pain en nourriture.

Le respect de la nature n’est pas étranger à l’Évangile : c’est l’œuvre du Créateur qui, par ses merveilles, nous donne un aperçu de la grandeur, de la sagesse et de la bonté de Dieu : « Regardez les oiseaux du ciel, ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n’amassent pas dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. N’êtes-vous pas beaucoup plus qu’eux ? » (Mt 6, 26).


1 Le Courrier de la Ville n° 31, novembre 2018.

2 Directeur de l’École Saint-Jean-Bosco, à Marlieux (Ain).

3 « Les antispécistes, ceux qui luttent pour la libération des animaux, ont pour objectif de démanteler la frontière érigée entre les humains et les animaux. Mais ils ont aussi pour objectif cette égalité de considération des intérêts pour tous les animaux, et les humains sont bien évidemment des animaux. » Peter Singer, fondateur du Mouvement de libération animale, in Les Animaux ont aussi des droits, Boris CYRULNIK, Élisabeth de FONTENAY & Peter SINGER, Paris, Seuil, 2013, page 42.

4 Cette association loi 1908, basée en Alsace et présidée par Antoine COMITI, vient d’envoyer à toutes les écoles une revue destinée aux élèves et aux professeurs, Mon journal animal. Au sommaire, tous les grands thèmes soutenus par les antispécistes : un dossier sur Charles Darwin et l’évolution des espèces, le portrait de Koko, un chimpanzé à qui Penny Patterson a appris le langage des signes et, bien sûr, une incitation à « Changer son assiette pour la planète », avec une recette 100 % végane.

5 « Je suis continuiste avec Lucrèce et son poème La Nature, avec Diderot et son dialogue Le Rêve de D’Alembert. Et je suis darwinienne évolutionniste, continuiste donc, et acquise à la théorie synthétique de l’évolution. Je n’ai aucune difficulté avec cela, et la matérialiste que je suis y trouve même un vrai plaisir à reconnaître que nous sommes des Homo sapiens, espèce de la famille des hominidés appartenant à l’ordre des primates », écrit Élisabeth de FONTENAY in Les Animaux aussi ont des droits, page 140.

6 Pour la critique scientifique de la théorie évolutionniste, nous renvoyons à Michael DENTON, Évolution – une théorie en crise (Flammarion, 1993), ou Dominique TASSOT, L’Évolution – une difficulté pour la science, un danger pour la foi (Téqui, 2009).

7 Le langage humain est composé de mots signifiants composés de phonèmes ou syllabes. Les phonèmes sont à leur tour composés de lettres au nombre relativement restreint. Les vingt-six lettres de notre alphabet permettent ainsi de composer un nombre extrêmement élevé de mots différents.

8 « Il est vrai qu’à notre connaissance il n’existe aucune autre espèce animale capable de raisonner comme la plupart des hommes, et, de fait, cela nous rend assez uniques. Mais il ne faut pas en déduire pour autant que les hommes seraient dotés d’une sorte de valeur sacrée, ou d’une dignité, dont seraient dépourvus les animaux », écrit P. SINGER, op. cit., p. 28.

9 É. de FONTENAY (op.cit., p. 160) rapporte les propos de Pythagore, qui croyait lui-aussi à la métempsychose, devant quelqu’un maltraitant un chien : « Arrête et ne frappe plus, car c’est l’âme d’un homme qui était mon ami, et je l’ai reconnu en entendant le son de sa voix ! » 

10 Id., p. 8.

11 Les éthologues utilisent pour ce faire le « test du miroir » : ils font en sorte que l’animal se voie dans un miroir. Pour certaines espèces, l’animal arrive à percevoir que c’est sa propre image que lui reflète le miroir.

12 Le n° d’octobre 2018 de la revue La Recherche contient ainsi un entretien avec l’éthologue Élise HUCHARD, chargée de recherche au CNRS et spécialiste des primates.

13 J’ai sous les yeux les pages d’un dossier sur les animaux réalisé par la revue Julie, destinée aux filles préadolescentes. Tous les arguments des antispécistes sont mis à la portée des enfants, comme dans la revue de l’association L214 déjà mentionnée. On y trouve des affirmations comme « ce n’est pas parce qu’ils ne maîtrisent pas le passé composé que les animaux sont incapables de raisonnement », « Les chimpanzés utilisent et fabriquent des outils. Ils apprennent les uns des autres et se perfectionnent de génération en génération », « Nous appartenons tous à la même famille ». En conclusion, une citation du très médiatisé moine bouddhiste Matthieu RICARD : « La totalité des qualités que nous observons chez les humains, y compris l’intelligence et le sens moral, existent à des degrés divers chez d’autres espèces. Les animaux n’ont pas été placés sur terre pour nous servir, nous nourrir, nous réconforter. »

14 Id., p. 85. P. SINGER n’hésite pas à rapprocher le combat des antispécistes d’autres combats émancipateurs : « Notre société se préoccupe du bien-être des animaux comme en d’autres temps on s’est inquiété du sort réservé aux humains réduits en esclavage. Même chose concernant l’antiracisme, le féminisme, le mouvement gay et les droits des enfants » (p. 80).

15 Entretien avec Alain FINKIELKRAUT au sujet de son livre Des Animaux et des hommes (Stock, 2018), in Valeurs Actuelles n° 4 274, du 25 au 31 octobre 2018.

16 P. SINGER écrit : « Le théologien Thomas d’Aquin (1225-1274), par exemple, n’a jamais défendu l’idée que les animaux ne souffraient pas, il s’est contenté d’affirmer que leurs souffrances n’importaient pas. Rien de ce que nous faisons aux ou avec les animaux ne constituerait donc un péché. L’Église a défendu ce point de vue jusqu’à peu » ; « Tout s’est donc passé comme si, avec la christianisation de l’Europe, un silence assourdissant avait entouré la question de l’éthique animale en Occident, alors qu’en Orient, en grande partie sous l’effet de la tradition bouddhiste, prospérait la réflexion sur le sujet » (op. cit., p. 25 & 30).

17 P. SINGER, id., p. 78.

18 Louis MILLET décortique les insuffisances du langage des signes appris à des primates par certains éthologues qui se gargarisent de ces résultats. Cette acquisition suppose de longs mois de travail acharné en équipe avec de nombreux éducateurs. Les communications restent utilitaires et instrumentales : aucun concept abstrait ne peut être assimilé par l’animal, aucun mot ne peut avoir plusieurs sens pour lui. De plus, le travail est basé sur l’intéressement : le primate est à chaque fois gratifié d’une récompense. Nous sommes loin de la gratuité, de la recherche artistique désintéressée. Ce langage reste donc limité, rudimentaire, cantonné au sensible, injecté de manière artificielle par les tenants d’une autre espèce. Bref, il s’agit d’un numéro de cirque de longue haleine subventionné par le CNRS, en aucun cas de la preuve d’une activité rationnelle. Cf. son livre La Psychologie, connaissance réelle de l’homme ?, Paris, F.-X. de Guibert, 1993, p. 57 à 61. On pourra lire son article « Les animaux sont-ils intelligents ? », reproduit dans Le Cep n°80, p. 11-23.

19 La théologie morale de saint Alphonse de Liguori précise : « La douleur infligée aux animaux (et en particulier celle appelée vivisection) n’est pas toujours dépourvue de faute. Celui qui, en effet, sans raison, fait souffrir un animal agit contre la droite raison, qui ordonne la modération et qui interdit que ce qui a été créé pour notre utilité soit soumis au seul caprice de notre amusement » (in Institutiones Morales alphonsianæ, n° 728, traduit par nos soins).

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