Foch chrétien

Par un Anonyme

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Foch chrétien1

Résumé : Après une guerre sanglante, mais qu’on croyait être la dernière, la « der des der », le prestige du généralissime victorieux fut immense. Or Foch fut toujours un chrétien convaincu. C’est l’occasion, pour l’auteur, de contester les préjugés anticléricaux et l’orgueil intellectuel qui divisaient la France d’avant-guerre et l’affaiblissaient en écartant des postes de responsabilités ceux qui avaient le courage d’afficher leurs convictions.

Foch devant la foi chrétienne

Le maréchal Foch est un chrétien ; il faut le proclamer bien haut. On entend parfois des incrédules attribuer à la faiblesse de l’esprit, les croyances religieuses. Il est donc important de leur montrer l’exemple de Foch. Celui que ses maîtres traitaient, dès son jeune âge, d' »esprit géométrique », qui mérita de devenir lui-même professeur à l’Ecole de guerre, qui eut le génie assez clair pour vaincre la science militaire allemande, qui s’est affirmé le plus grand général de la plus grande des guerres, cet homme-là n’a trouvé, dans son intelligence avertie et son jugement rigoureux, aucun empêchement à admettre la doctrine catholique. Devant ce fait, plus d’un incrédule sincère étudiera la religion du Christ et, même avant de l’embrasser, n’hésitera pas à la respecter.

Le baptême du Maréchal

Le maréchal Foch, né à Tarbes, fut baptisé à la cathédrale de cette ville, le 16 octobre 1851, quatorze jours après sa naissance. Il reçut les prénoms de Ferdinand-Jean-Marie. C’est le chanoine J.Marmouget, du Chapitre de Tarbes, qui lui administra le sacrement du baptême.

M.Dominique Normande, de Lourdes, et Mlle Pauline Normande, sa fille, furent ses parrain et marraine.

Son éducation chrétienne

Le père et la mère du Maréchal étaient des gens énergiques, doués du sens chrétien le plus fort et le plus pratique. Ils donnèrent à leurs quatre enfants une solide éducation chrétienne.

Après ses premières études aux lycées de Tarbes et de Rodez, le futur Maréchal fit sa seconde au Petit-Séminaire de Polignan (Haute-Garonne), puis termina ses études classiques à Saint-Etienne, dans l’excellent collège Saint-Michel, dirigé par les Jésuites. Il fit sa préparation à l’Ecole polytechnique, chez ces mêmes religieux, au collège Saint-Clément de Metz. Il y fut si apprécié pour son travail et sa conduite, que ses condisciples lui décernèrent, par vote, le grand prix de sagesse.

C’est à son court passage à Polignan que se rapporte la prophétie suivante :

Le R.P. Caussette présidait à la distribution des prix ; l’éloquent et puissant orateur prit la parole. Après l’énumération des diverses carrières auxquelles chacun pourrait être appelé dans un avenir plus ou moins prochain, il ajouta :

« Qui sait s’il ne sortira pas un jour, de cette maison, ce savant qui… ce magistrat qui… »

Et il termina par l’évocation suivante :

« Qui sait s’il ne sortira pas d’ici le général illustre qui écrira à sa mère ce magnifique bulletin de victoire : « Ma mère ! l’Alsace et la Lorraine sont à nous !… »

Un frisson d’émotion  et d’enthousiasme passa dans tous les coeurs et se traduisit par un tonnerre d’applaudissement frénétiques. On applaudissait, plus de 40 ans à l’avance, celui qui rendrait l’Alsace-Lorraine à la France et qui, tout jeune enfant , était assis dans l’assemblée22.

Foch à la messe

Pendant la guerre, le généralissime des Alliés résida plusieurs mois au château de Bombon, près de Marmant, en Seine-et-Marne, siège de son grand quartier général. Il y suivit les habitudes chrétiennes de toute sa vie, à un moment où plus d’un aurait argué d’occupations professionnelles pour s’y soustraire.

A quelques centaines de mètres du château, a écrit M.Gustave Babin3, tout au haut de la route montueuse qui traverse le petit village, s’érige, humble, l’église paroissiale.

Chaque dimanche, … au son de la cloche qui appelle les fidèles à la messe de 8 heures, le Maréchal en prend le chemin… Et, les humbles ouailles de cette campagne perdue, le voient s’asseoir au milieu d’elles…suivant attentivement, dans son livre, les prières de la messe que dit le curé du village, que sert un soldat bleu horizon.

Le journal La Démocratie nouvelle, dans un de ses numéros de décembre 1918, a raconté ce fait : « Un jour de la dernière semaine de la guerre, M.Clémenceau se rendit au Grand Quartier pour voir le maréchal Foch et conférer avec lui. A son arrivée, on lui apprend que le Maréchal est à la messe.

– Mais, ajoute-t-on, on peut l’avertir immédiatement que vous êtes là.

– Non, non, laissez-le, répliqua le Tigre, ça lui a trop bien réussi jusqu’à présent ».

Catholique fervent et sans respect humain

« Il n’est pas de jour où ce général en chef, qui tient en main les destinées du monde, a écrit Henry de Forge en 19184, n’aille se recueillir quelques instants dans l’église la plus proche, même en ruines. il y va seul, sans en parler jamais à son entourage. Il ne semble pas pourtant que ce soit un démonstratif de religion… Il a seulement, dans sa vie, chaque jour, ce besoin de recueillement, d’isolement moral en contact avec le Maître de toutes choses et de toutes destinées. Rien de théâtral dans ce geste qui reste discret. Nulle évocation pompeuse de la Divinité, à la manière de Guillaume II. Un geste tout simple , devant lequel tous s’inclinent ».

La franchise avec laquelle le maréchal Foch pratiqua toujours sa religion lui attira, il est vrai, quelques suspicions, en un temps où les passions politiques donnaient leur plein ; mais cette courageuse attitude trouva sa récompense dans la volonté de M.Clémenceau, qui, malgré le général Picquart, l’appela à l’école de guerre bien qu’il eût un frère Jésuite.

Comme Jeanne d’Arc

Plus d’un rapprochement se présente entre Foch et Jeanne d’Arc.

Tout le monde connaît la parole de la Pucelle si confiante dans le secours divin pour l’accomplissement de sa mission : « En nom Dieu, disait-elle souvent, les gens d’armes batailleront et Dieu donnera la victoire. » (Procès, III, 204)

Cent fois l’illustre Maréchal exprima ce même sentiment. Qu’il nous suffise de citer les mots suivants, écrits de sa main à Mgr de Gibergues, au commencement de 19195 :

« … Nous avons vu Dieu bénir nos efforts par la Victoire, dans la plus juste des causes. C’est bien toujours la grandeur de la France qu’Il veut par l’union des Français. »   

Le grand capitaine chrétien partagea aussi, avec notre héroïne, l’horreur de voir couler le sang français. Lorsque Jeanne voyait couler le sang français, nous disent les chroniques, elle sentait ses cheveux se dresser sur sa tête. Cette pitié, nous la retrouverons dans le généralissime des armées alliées, acceptant, sans hésitation, l’armistice, au moment où l’écrasement facile de l’ennemi lui eût donné une gloire sans pareille…mais qui eût coûté la vie à quelques milliers d’hommes

Les derniers jours d’octobre, lisons-nous dans le numéro du 9 mars 1919 de la Croix du Midi, M.Clémenceau vint, sur le front, trouver le maréchal Foch. Il tira de sa poche un papier, et le tendant au Maréchal :

« Tenez, dit-il, voici les conditions d’armistice que nous pouvons obtenir de l’Allemagne ; elle est à bout ».

Le Maréchal réfléchit et répondit :

– « Je puis vous obtenir plus encore et, en outre, la gloire d’avoir capturé une armée allemande d’à peu près un demi-million d’hommes. »

Clémenceau répondit :

– « Nul n’a le droit de vous frustrer de votre gloire ; c’est à vous à choisir et à décider le parti à prendre. »

Le Maréchal se recueillit profondément et reprit, très calme :

« Pour gagner la victoire, il faudra sacrifier 50.000 hommes. Qu’est-ce que la gloire humaine auprès de 50.000 hommes à précipiter dans la mort ? J’accepte l’armistice immédiat. »

La plus grande gloire du Maréchal sera d’avoir sacrifié sa propre gloire pour sauver la vie des soldats.

Foch et Lourdes

Tout le monde connaît l’odieux blasphème allemand du commencement de la guerre auquel le National Zeitung, dans son numéro du 30 juillet 1914, donna la formule suivante : « La sainte mère de Dieu, de Lourdes, aura beaucoup à faire si elle, la miraculeuse, doit guérir tous les os que nos soldats casseront aux pauvres gens de l’autre côté des Vosges. Pauvre France !… »

N’est-il pas permis de voir une réponse de la Providence dans le choix de Foch comme généralissime pour conduire les Alliés à la victoire ?

Le maréchal Foch est né dans le diocèse de Tarbes et de Lourdes. Son père a été, de 1841 à 1842, avoué à Lourdes. De plus, l’extrait de baptême du Maréchal mentionne, comme ses parrain et marraine, deux habitants de Lourdes.

Le Maréchal est né sept ans avant l’apparition de la très sainte Vierge à la grotte de Massabielle. Nul doute que les pieux parrain et marraine n’aient recommandé à la Vierge, dès les premiers jours, leur très cher filleul qui fut certainement un des premiers pèlerins près de la grotte bénie.

Cette coïncidence si frappante paraît bien être providentielle, et lorsqu’on songe que Foch a été nommé généralissime un 25 mars, jour anniversaire de l’apparition où la Vierge dit à Bernadette : « Je suis l’Immaculée Conception », on ne peut s’empêcher de penser que ce général nous a été envoyé par Marie pour nous donner la victoire.

Hindenburg battu… et Renan aussi

Terminons par ces quelques mots de Renan qui ne manquent point d’à-propos.

« La France a voulu rester catholique, a écrit Renan à la page 97 de la « Réforme intellectuelle et morale », et elle en porte les conséquences. Le catholicisme est trop hiératique pour donner un aliment intellectuel et moral à une population. Il fait fleurir le mysticisme transcendant à côté de l’ignorance ; il n’a pas d’efficacité morale ; il exerce ses effets funestes sur le développement du cerveau. Un élève des Jésuites ne sera jamais un officier susceptible d’être opposé à un officier prussien… »

C’est profondément regrettable pour Renan, mis en défaut dans sa prophétie ; mais ils sont très nombreux les généraux élèves des Jésuites, qui ont contribué à remporter la grande victoire sur l’Allemagne. il y a les Maud’Huy, les Castelnau et tant d’autres qu’il serait trop long d’énumérer. Il y a surtout Foch ! qui met Renan en aussi mauvaise posture qu’Hindenburg… et ce n’est pas peu dire.

Le maréchal Foch d’après un catholique japonais.

Dans son numéro du mois d’août 1918, la Revue japonaise Koye (La Voix) a consacré au Maréchal Foch un article dont nous détachons les passages suivants, qui intéresseront certainement le lecteur. Après avoir reconnu le génie du grand capitaine, le rédacteur déclare que l’exemple de Foch réconfortera tous les chrétiens du monde.

« Dans les maisons en décadence naissent les bons fils ; dans les pays en danger apparaissent les grands hommes », dit un vieux proverbe japonais ».

Les héros et les grands hommes existent en tout temps et dans tous les pays, mais ils demeurent  cachés, comme l’or et l’argent le sont dans le flanc des montagnes. Qu’un jour surviennent de graves événements et, tout à coup, leur gloire resplendit. Dans les périodes tranquilles, ils sont méconnus et repoussés, mais à l’heure du danger, les peuples sont heureux de s’appuyer sur leur force et alors, pour la première fois, leur véritable valeur devient manifeste. « C’est ce qui est en train de se réaliser, à l’heure actuelle, pour le célèbre maréchal Foch.

« Toute la doctrine de Foch peut être résumée dans ce seul mot : un soldat n’est jamais vaincu. C’est vite dit, mais c’est difficile à pratiquer. Ce qui importe en premier lieu, ce sont les forces morales ; elles sont plus importantes que les canons. Quand on a dans le cœur la volonté de vaincre, on échappe même aux plus graves périls. Mais pour que cette volonté produise des effets merveilleux, il est nécessaire qu’elle existe dans toute l’armée, depuis le général jusqu’au dernier des soldats ; et si le chef ne l’a pas tout d’abord, comment le reste de l’armée l’aurait-il ?

« Le secret de l’art militaire du général consiste en ceci que la force d’une armée réside moins dans le nombre des bataillons et le perfectionnement de l’armement que dans son moral. Ainsi, autrefois, les guerriers Japonais restaient longtemps en présence, sans croiser les épées ; ils s’observaient seulement, et l’issue du combat se réglait suivant les dispositions morales des combattants. C’est-à-dire que celui dont l’âme se laissait envahir par la lassitude, était vaincu. Toute la doctrine du général Foch donne la priorité aux forces morales.

« Si maintenant, on applique au Japon le cas de notre général cela peut être la source de plus d’un enseignement. Beaucoup de Japonais n’aiment pas le christianisme ; nos coreligionnaires souffrent de cette défiance dans leur avancement. Qu’ils ne s’attristent point pour cela, ni ne se découragent. Comme le général Foch, travaillons pour Dieu et pour la Patrie ; quant à l’avancement, n’y prêtons pas plus d’attention qu’à la poussière chassée par le vent. Faisons-nous des âmes mâles.

« Il n’y a pas de doute que la renommée du général Foch ne doive réconforter tous les chrétiens du monde ; plus d’un s’en réjouit en pensant que les prières de Jeanne d’Arc l’ont obtenu à la France ».


1 Extrait de la Semaine Religieuse du Diocèse de Valence, Samedi 31 janvier 1920, pp.114-120.

2 Ce trait, cité par la Semaine catholique de Toulouse a été reproduit par La Croix du 27 août 1918.

3 Dans l’article Le Berceau de la Victoire, paru dans l’Illustration.

4 Le Télégramme, de Toulouse, 24-7-1918.

5 Voir la Semaine Religieuse de Valence, du 19 avril 1919.

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