L’Académie Pontificale des Sciences

Par Jean de Pamplona

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Résumé : S’il  y a une Institution qui devrait être au service de l’Église et du Magistère, c’est bien la prestigieuse Académie Pontificale des Sciences. Ce court article veut montrer qu’il n’en est rien, en raison du mode de recrutement de ses membres et de la prééminence accordée à la connaissance scientifique d’origine matérialiste sur la philosophie et la théologie. Par opposition, le cas de l’Académie Pontificale pour la Vie sera évoqué. La non-orthodoxie des prises de position de l’Académie Pontificale des Sciences obligea Jean-Paul II à la dessaisir des questions touchant à l’enseignement moral de l’Église en matière de mariage, de contraception et  de défense de la vie humaine.

Introduction :

Le pape Pie XII, dans les encycliques Divino Afflante Spiritu  (30 septembre 1943) et Humani generis (12 août 1950), avait fixé avec précision les règles devant régir la recherche scientifique face aux dogmes catholiques, en particulier l’inerrance biblique, en reprenant l’enseignement de Vatican I, de Léon XIII dans l’encyclique Providentissimus Deus (18 novembre 1893), et de Benoit XV dans Spiritus Paraclitus (15 septembre 1920). Nous citons en annexe un des passages d’ Humani generis qui concerne les théories de l’Évolution. On aurait pu attendre de l’Académie Pontificale des Sciences un souci de se conformer à ces sages directives.

Il serait prétentieux de croire que, depuis 1893, les progrès scientifiques incontestables ont pu mettre en difficulté les enseignements de l’Église en la matière. C’est le contraire qui est vrai : les découvertes actuelles éclairent crûment les erreurs évolutionnistes, erreurs qui constituent une des bases du modernisme.

Cette constatation garde toute sa valeur au XXIe siècle, comme de nombreux articles du Cep nous l’ont montré, malgré les déclarations ultérieures malheureuses de Jean-Paul II en1996 et de Benoît XVI en 2007. L’influence de l’Académie dans ces déclarations papales est palpable, nous verrons pourquoi.

Historique :

Origine de l’Académie :

L’Accademia dei Lincei (des lynx) (1603-1630) érigée sous Clément VIII ne survit pas à son fondateur, le botaniste et prince romain Federico Cesi. Elle eut Galilée pour premier président. Ressuscitée par Pie IX en 1847 (Pontificia Accademia dei Nuovi Lincei), restaurée en 1887 par Léon XIII, puis par Pie XI en 1936, elle prit un essor considérable après la guerre.

L’Académie dispose, de par ses statuts « modernisés » en 1976 sous Paul VI et en 1986 sous Jean-Paul II, d’une autonomie complète dans les choix des sujets de recherche et axes de travail. Ses membres sont cooptés parmi des scientifiques éminents « sans discrimination ethnique ni religieuse, signe de l’harmonie profonde qui existe entre les vérités scientifiques et les vérités de foi » (Jean-Paul II, 10 novembre 1979).

Le pape régnant est membre de droit.

Devise : « Deus, scientiarum dominus », Dieu maître des sciences.

Composition actuelle :

  • 83 membres ordinaires, dont 31 prix Nobel (37 %)
  • 5 membres honoraires (le cardinal Georges Cottier, suisse ; Stanley L. Jaki, bénédictin américain d’origine hongroise ; Jean Michel Maldamé, dominicain français ; le cardinal Carlo Maria Martini, Italien ; Robert J. White, un chirurgien américain)
  • 4 membres permanents (chancelier : Marcelo Sanchez Sorondo, Argentin ; le directeur de l’Observatoire du Vatican : José Funès, jésuite argentin ; le préfet de la Bibliothèque apostolique : Cesare Pasini, Italien ; le préfet des Archives secrètes : Sergio Pagano, Italien)

Tableau 1 : Médaille commémorative des 50 ans (1986) « Sapientiae cupidi », avides de connaissance.


La répartition en 2008 des membres par spécialité scientifique montre une prépondérance très forte des sciences « dures » (79 contre 13) qui se maintient depuis 1936 :

Physique, mécanique, astronomie : 39

Chimie, biochimie : 19

Mathématiques : 21

Médecine, biologie : 4

Économie, démographie : 2

Philosophie : 5

Théologie : 2   

L’Académie et l’Évolution :

Le médecin brésilien Carlos Chagas (fils), Président de 1973 à 1990  donnera une orientation très « scientifiquement correcte » aux travaux des académiciens en matière d’origine de la vie. Il favorisera la campagne pour une révision du procès de Galilée, dont une statue en marbre grandeur nature sera bientôt dressée dans les jardins du Vatican, à la demande de l’Académie. Les discours lus par le pape lors de commémorations ou conférences sont rédigés par un ou plusieurs académiciens spécialistes du sujet traité. En résulte le principal grief qui puisse être fait aux membres de l’Académie : ils sont tous sans exception évolutionnistes. La diversité d’opinion sur la question de l’Évolution n’y est pas plus respectée que dans les académies laïques du monde entier.

Pour preuve nous donnons quelques commentaires sur la conférence « Aperçus scientifiques sur l’évolution de l’univers et de la vie » prévue du 31 octobre au 3 novembre 2008 au Vatican.

L’actuel président de l’APS, le physicien italien Nicola Cabibbo, signe conjointement avec le microbiologiste suisse Werner Arber une introduction (texte en anglais, allemand et italien) à cette conférence qui dit : « Le Conseil de l’APS invite les académiciens à présenter dans la prochaine session plénière toute contribution scientifique qui puisse valider ou infirmer les théories de l’évolution et fournir un aperçu plus avancé des processus évolutionnistes du monde vivant et du monde inerte ».

Remarquons la structure de la phrase en deux parties : la première semble ouvrir les portes à un débat « valider/infirmer », la seconde ne parle plus que de « processus d’évolution », le débat n’aura pas lieu, les portes se sont refermées. Cela n’est pas étonnant, tous les membres de l’Académie sont évolutionnistes, la seule classification possible  se réduisant  à  théistes ou non-théistes (matérialistes athées, agnostiques, sceptiques1…).

L’introduction poursuit : « Des contributions sur l’influence spécifique que des activités humaines pourraient avoir sur les processus évolutionnistes seront aussi les bienvenues »2. C’est typiquement teilhardien. Le progrès et la culture accélèrent l’évolution vers des lendemains qui chantent. L’homme vient d’un lointain chaos et se dirige vers le paradis (terrestre).

Quelques déclarations publiques d’académiciens sur ce sujet :

Manfred Eigen (né le 9/05/1927, Allemand, nommé à l’APS le 12/05/1981), prix Nobel de chimie 1967, écrivait dans sa préface au livre de J. Monod, prix Nobel de médecine 1965, Le Hasard et la Nécessité (Paris, Le Seuil, 1970):

«La biologie moléculaire a  mis  fin au mysticisme de la création maintenu à travers les siècles: elle a achevé ce que Galilée avait commencé».

 Il y a donc un fil conducteur évident qui mène de Galilée à la théorie de l’Évolution, excluant le « mythe » de la Création. Le nœud du problème est là. Il est savoureux de constater que c’est un pur chimiste qui parle ainsi de biologie, science du vivant et non de l’inerte. La démonstration expérimentale que des éléments chimiques inertes auraient pu donner naissance à des molécules puis des cellules vivantes est l’espoir insensé qui s’évapore de l’imaginaire du plus fanatique des bio-généticiens évolutionnistes actuels.

Le mythe Miller (soupe primordiale) s’est effondré au fur et à mesure de l’avancée des connaissances sur la synthèse des protéines et de la structure cellulaire. Pourtant le professeur suisse en chimie organique Albert Eschenmoser (né le 5/8/1925, nommé le 9/6/1986) nous fera, au colloque annoncé, un exposé sur les écoles en compétition pour « expliquer » le passage de l’inerte au vivant : soit métabolisme auto-catalytique (chimie pure), ou génétique primordiale (darwinisme moléculaire), ou encore compartimentalisme (la vie apparaît au niveau cellulaire). Ces trois spéculations sont évolutionnistes, mais incompatibles entre elles.

On relève des perles du genre : « un système chimique est vivant quand, dans un environnement donné, il est auto-suffisant et capable d’initier une évolution darwinienne »3.

Peter Schuster, biologiste autrichien, président de l’Académie des sciences de Vienne, agnostique,  ami de Benoît XVI, a travaillé avec  Manfred Eigen. Il est souvent consulté comme expert en Évolution et a participé au Schülerkreis de 2006 ès-qualités, comme témoin du « fait » évolutif.

Le néo-teilhardien et généticien italien Luigi Luca Cavalli-Sforza (25/1/1922, nommé le 2/8/1994) parlera de l’évolution de la culture : une accélération horizontale (d’hommes à hommes) remplaçant l’évolution verticale (parents à descendants) grâce au langage qui nous distingue des primates.

Le microbiologiste suisse Werner Arber (3/6/1929, nommé le 12/5/1981, prix Nobel 1978) évoquera le darwinisme moléculaire présumé à l’origine de la vie.

Le directeur de l’Observatoire du Vatican, José G. Funès (né le 31/1/1963, Argentin nommé le 5/8/2006, membre permanent) nous parlera des 2 mécanismes d’évolution des galaxies depuis les 13 derniers milliards d’années4, l’un rapide dans le passé, mais lent actuellement.

Le physicien théorique polonais Michael Heller (né le 12/3/1936, nommé le 4/10/1990) va nous faire paniquer dans l’imbroglio des « modèles » physiques de l’univers, tout en ayant l’espoir qu’une future structure mathématique assez compliquée pourra tout unifier. Le tout en 20 mn d’exposé.

Le cardinal Martini5 (né le 15/2/1927, nommé le 13/11/2000, membre honoraire), bibliste moderniste, va proposer une lecture biblique de l’Évolution, tout comme le philosophe dominicain Jean-Michel Maldamé (né le 31/8/1939, nommé le 29/1/1997, membre honoraire) annonce, avec « Création par évolution », le mariage de l’Évolution avec la foi moderniste, ce qui donne un évolutionnisme théiste adaptable à tout « progrès » ultérieur des sciences matérialistes, réputées inerrantes.

Le biologiste grec Fotis C. Kafatos (né le 16/4/1940, nommé le 23/1/2003) nous parlera d’ADN et accessoirement du danger mortel du créationnisme sous le titre : « Modern life sciences and  evolution ».

Madame Maxine F. Singer, biochimiste américaine (née le 15/2/1931, nommée le 9/6/1986), nous réchauffera le plat principal de la propagande avec la forme et la taille du bec des pinsons des Galapagos. La complexité irréductible est parfaitement comprise par les évolutionnistes, affirme-t-elle, éreintant au passage l’Intelligent Design. Elle lui reproche ce qu’on peut aussi reprocher à l’évolutionnisme matérialiste.

Le neurologue américain Robert J. White (né le 21/1/1926, nommé le 29/3/1994, membre honoraire) ne craindra pas d’affirmer que « l’origine de l’espèce humaine (cerveau) nécessite une intervention divine ».

Voilà qui est clair et fera de la peine aux évolutionnistes athées.

Il faut espérer que le Congrès annoncé pour 2009 par Mgr Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical de la Culture fera bien « se rencontrer science, théologie et philosophie, à propos des différentes théories de l’évolution ».

Il faudrait cependant une rencontre ouverte, attachée non seulement à confronter ces théories, mais aussi à en examiner le présupposé.

L’Académie, la contraception et l’avortement :

L’affaire « Humanæ Vitæ »  montra l’incompétence notoire de l’Académie. Sans surprise, quand on constate la prédominance totale des sciences dures face aux sciences du vivant (cf. tableau 1). Mais on ne peut pas demander l’impossible à des scientifiques, de plus non catholiques pour la plupart. C’est-à-dire leur demander d’être plus orthodoxes que l’écrasante majorité de cardinaux et  des experts qui se déclarèrent en faveur de la contraception dès 1966, au grand dam de Paul VI, confronté à une réalité qu’il ne voulait pas voir. Paul VI passa courageusement outre et promulgua l’encyclique le 25 juillet 1968. Le sabotage épiscopal quasi-général qui s’en suivit, montra combien le mal avait progressé dans le monde occidental, via les élites cléricales et scientifiques. Cette culture de mort prenait cependant racine dans les erreurs évolutionnistes enseignées dans les séminaires dès 1920.

Les déboires de Paul VI dans ses consultations « d’experts » avant la rédaction de l’encyclique « Humanæ Vitæ » amenèrent Jean-Paul II à fonder des Académies pontificales spécifiques6. L’APS fut ainsi dessaisie sans scandale public des questions de défense de la vie.

L’Académie  et le Linceul de Turin :

Aucun des membres de l’APS n’a pris une position publique favorable à l’authenticité du Linceul de Turin. Le médecin brésilien Carlos Chagas (fils), président de 1973 à 1990, laissa l’initiative à des laboratoires extérieurs et au British Museum dans l’affaire de la datation au carbone 14 de 1988. Le dominicain Jean-Michel Maldamé, pour des raisons philosophiques et « pastorales » (ne pas tolérer de « triomphalisme » catholique), écrivit plusieurs articles hostiles à l’authenticité de cette relique et fut interrogé par la télévision.

L’Académie et le Tiers Monde :

Le docteur Chagas impulsa une orientation très généreuse envers les plus démunis. Cela n’empêcha pas nos spécialistes de tomber plus tard dans quelques pièges dont les derniers ne sont pas les moindres : Organismes Génétiquement Modifiés, lutte contre le SIDA et réchauffement climatique.  

Pour le premier, l’action musclée de l’ambassadeur américain auprès du Saint-Siège (2001-2005), James Nicholson7 (« sans OGM la planète mourra de faim »), les opinions favorables de l’Académie pour la Vie (1999) et des Sciences (2000) et les convictions du botaniste allemand Ingo Potrikus (1933, nommé le 10/3/2005), risquent de mener le Vatican à la caution de visées mondialistes bien peu catholiques. 

Ingo Potrikus nous persuadera lors du colloque que la culture des plantes est un exemple d’Évolution « dirigée ». Évolution rime bien avec manipulation (génétique).

Conclusion :

L’Académie Pontificale des Sciences était un exemple de ce qu’il fallait faire, mais des conceptions fausses de l’objectivité et de la neutralité scientifiques, issues de l’affaire Galilée, ont fait admettre en son sein des académiciens catholiques, non-catholiques, athées, agnostiques qui ont complètement gauchi les objectifs originaux  qui étaient : informer le Saint-Siège des avancées scientifiques, mais en gardant la prééminence de la théologie basée sur les deux sources de la Révélation8

L’absence de véritable controverse lors des récents colloques organisés par l’Académie est un très mauvais signe. Il semblerait que les académiciens  aient emboîté le pas des scientistes matérialistes agitant le danger fondamentaliste chrétien ou musulman. L’envoi de « l’Atlas de la Création », tomes 1 et 2, par le collectif turc Harun Yahya à des personnalités et institutions françaises a agi comme détonateur d’une campagne massive et bien orchestrée voyant l’alliance du libre-penseur et du prêtre face à l’ennemi commun. La question de la vérité des arguments et des preuves ne semble pas les intéresser outre mesure.

L’absence d’une véritable théologie de la Création laisse la place à un évolutionnisme théiste obligé de concéder aux matérialistes le soin de mener leurs idées jusqu’à leurs conséquences extrêmes. Benoît XVI a vu le danger mais n’arrive pas à trancher dans le vif cette contradiction.

Nous terminerons de manière abrupte par deux égalités mathématiques, s’excluant l’une, l’autre :

Évolution = culture de mort.

Création =culture de Vie.

Annexe :

Extraits de l’encyclique Humani Generis du pape Pie XII (12 août 1950). [titres ajoutés et phrases soulignées en gras par nos soins]

Commentaires préliminaires

1) L’extrait A souligne qu’en 1950 les ‘preuves’ de l’Évolution n’étaient pas irréfutables. En 2008, on peut affirmer que  les objections létales à cette théorie se sont multipliées. Le nombre de scientifiques de tous horizons, de tous pays, croyants et non croyants, mais adversaires de l’Évolution, ne cesse de croître. Cette tendance est totalement ignorée ou niée par les évolutionnistes, ou attribuée à des groupuscules « intégristes » et « fondamentalistes » ultra-minoritaires. Une telle position    deviendrait rapidement intenable si un débat loyal était accepté et mis en place. La « théorie » ne résiste que par la désinformation et le mensonge, dans un véritable terrorisme intellectuel qui s’étale principalement dans les publications de vulgarisation scientifique. L’exemple le plus frappant est le recours systématique que font les évolutionnistes à des exemples de sélection au sein d’une même espèce (quelquefois appelée improprement micro-évolution) pour ensuite extrapoler et prétendre que les mêmes mécanismes expliquent le passage d’une espèce à une autre (improprement appelé macro-évolution). Le becs des pinsons des Galapagos, les phalènes du bouleau, les drosophiles irradiées, les bactéries de toutes sortes, etc., ne sont nullement des preuves de l’Évolution.
Notons que Pie XII, grand spécialiste du communisme, fit le lien entre cette idéologie et la théorie de l’Évolution. Les liens sont aussi évidents avec la « culture de mort » prônant la perversion des mœurs, l’eugénisme, les manipulations génétiques, l’avortement et l’euthanasie (voir dans Le Cep n°6 : Haeckel  démasqué).

2) L’extrait B, traite de l’inerrance biblique et donne un démenti cinglant à ceux qui prétendent qu’elle ne s’applique qu’en matière de foi et de mœurs, proposition  déjà condamnée par Léon XIII et saint Pie X. D’ailleurs les propos du pape sont très logiques : cette restriction avait été inventée et enseignée par des clercs paralysés par le respect humain et soucieux d’éviter tout conflit avec la « science » (ce que l’on peut nommer « le syndrome Galilée »).
Mais faisons preuve de bon sens et posons-nous la question : quelle activité humaine peut prétendre se situer dans une sphère inaccessible et neutre en matière de foi et de mœurs ?

3) L’extrait C traite plus particulièrement des sciences positives. C’est dans ce passage que les évolutionnistes extraient une seule phrase pour asseoir leur prétention que l’Eglise ne nous interdit pas de croire à l’Évolution et laisser entendre que Pie XII aurait admis l’Évolution. Les garde-fous et conditions posés par Pie XII sont passés sous silence.

Extrait A : Les théories de l’Évolution ne sont pas prouvées.

« Quiconque observe attentivement ceux qui sont hors du bercail du Christ découvre sans peine les principales voies sur lesquelles se sont engagés un grand nombre de savants. En effet, c’est bien eux qui prétendent que le système dit de l’Évolution s’applique à l’origine de toutes les choses; or, les preuves de ce système ne sont pas irréfutables même dans le champ limité des sciences naturelles. Ils l’admettent pourtant sans prudence aucune, sans discernement et on les entend qui professent, avec complaisance et non sans audace, le postulat moniste et panthéiste d’un unique tout fatalement soumis à l’Évolution continue. Or, très précisément, c’est de ce postulat que se servent les partisans du communisme pour faire triompher et propager leur matérialisme dialectique dans le but d’arracher des âmes toute idée de Dieu. » (fin de citation de l’extrait A).

Extrait B : Inerrance biblique intégrale

« Mais pour en revenir aux systèmes nouveaux auxquels nous avons touché plus haut, il y a certains points que quelques-uns proposent ou qu’ils distillent, pour ainsi dire, dans les esprits, qui tournent au détriment de l’autorité divine de la Sainte Écriture.

Ainsi on a audacieusement perverti le sens de la définition du Concile du Vatican sur Dieu, auteur de la Sainte Écriture; et la théorie qui n’admet l’inerrance des Lettres sacrées que là où elles enseignent Dieu, la morale et la religion, on la professe en la renouvelant, bien qu’elle ait été plusieurs fois condamnée. Bien plus, de la façon la plus incorrecte, on nous parle d’un sens humain des Livres Saints, sous lequel se cacherait le sens divin, le seul, nous dit-on, qui serait infaillible. Dans l’interprétation de la Sainte Écriture, on s’interdit de tenir compte de l’analogie de la foi et de la Tradition ecclésiastique. En conséquence, c’est la doctrine des Saints Pères et du magistère sacré qui devrait être ramenée, pour ainsi dire, à la juste balance de l’Écriture et de l’Écriture telle qu’elle est expliquée par des exégètes qui ne font appel qu’à la lumière de la raison; et, partant, ce n’est plus la Sainte Écriture qu’il faudrait expliquer selon la pensée de l’Église que le Christ institua gardienne et interprète de tout le dépôt de la Vérité divinement révélée.

En outre, le sens littéral de la Sainte Écriture et son explication faite laborieusement, sous le contrôle de l’Église, par tant d’exégètes de si grande valeur doivent céder, d’après les inventions qui plaisent aux novateurs, à une exégèse nouvelle, dite symbolique et spirituelle; et ainsi seulement, les Livres Saints de l’Ancien Testament, qui seraient aujourd’hui encore ignorés dans l’Église, comme une source qu’on aurait enclose, seraient enfin ouverts à tous. Ils assurent que toutes les difficultés, par ce moyen, s’évanouiront, qui ne paralysent que ceux-là qui se tiennent attachés au sens littéral de la Bible. »                                            (fin de citation de l’extrait B)

Commentaire : Dans ces quelques lignes Pie XII cerne parfaitement l’erreur des exégètes modernistes.

Les modernistes, pour enlever toute portée à ces déclarations papales, ont présenté Pie XII comme un conservateur en retard sur son temps. Cette calomnie a été largement propagée en France dans les milieux cléricaux et les séminaires diocésains, passablement influencés par la dialectique marxiste.

Extrait C : Recherches et débats permis, mais soumission au jugement de l’Église.

«Il nous reste à dire un mot des sciences qu’on dit positives, mais qui sont plus ou moins connexes avec les vérités de la foi chrétienne. Nombreux sont ceux qui demandent avec instance que la religion catholique tienne le plus grand compte de ces disciplines. Et cela est assurément louable lorsqu’il s’agit de faits réellement démontrés; mais cela ne doit être accepté qu’avec précaution, dès qu’il s’agit bien plutôt d’  » hypothèses  » qui, même si elles trouvent quelque appui dans la science humaine, touchent à la doctrine contenue dans la Sainte Écriture et la Tradition. Dans le cas où de telles vues conjecturales s’opposeraient directement ou indirectement à la doctrine révélée par Dieu, une requête de ce genre ne pourrait absolument pas être admise.

C’est pourquoi le magistère de l’Église n’interdit pas que la doctrine de l’  » évolution « , dans la mesure où elle recherche l’origine du corps humain à partir d’une matière déjà existante et vivante – car la foi catholique nous ordonne de maintenir la création immédiate des âmes par Dieu – soit l’objet, dans l’état actuel des sciences et de la théologie d’enquêtes et de débats entre les savants de l’un et de l’autre partis : il faut pourtant que les raisons de chaque opinion, celle des partisans comme celle des adversaires, soient pesées et jugées avec le sérieux, la modération et la retenue qui s’imposent; à cette condition que tous soient prêts à se soumettre au jugement de l’Église à qui le mandat a été confié par le Christ d’interpréter avec autorité les Saintes Ecritures et de protéger les dogmes de la foi (11). Cette liberté de discussion, certains cependant la violent trop témérairement : ne se comportent-ils pas comme si l’origine du corps humain à partir d’une matière déjà existante et vivante était à cette heure absolument certaine et pleinement démontrée par les indices jusqu’ici découverts et par ce que le raisonnement en a déduit; et comme si rien dans les sources de la révélation divine n’imposait sur ce point la plus grande prudence et la plus grande modération. »

(11) Cf. Allocut. Pont. ad membra Academiæ Scientiarum, 30 nov. 1941 ; A. S. S., vol. XXXIII, p. 506. (fin de citation de l’extrait C).

Bibliographie :

Texte complet de l’encyclique en français :

http://www.vatican.va/holy_father/pius_xii/encyclicals/documents/hf_p-xii_enc_12081950_humani-generis_fr.html

En anglais :

http://www.vatican.va/holy_father/pius_xii/encyclicals/documents/hf_p-xii_enc_12081950_humani-generis_en.html

Voir aussi du bienheureux Pie IX Qui pluribus (9 nov 1846) condamnant le progrès s’érigeant en ennemi de la Tradition.

Et Divino afflante Spiritu de Pie XII (30 septembre 1943) au paragraphe 4 :       « Plus récemment cependant, en dépit de cette solennelle définition de la doctrine catholique, qui revendique pour ces  » livres entiers, avec toutes leurs parties « , une autorité divine les préservant de toute erreur, quelques écrivains catholiques n’ont pas craint de restreindre la vérité de l’Écriture Sainte aux seules matières de la foi et des mœurs, regardant le reste, au domaine de la physique ou de l’histoire, comme  » choses dites en passant  » et n’ayant – ainsi qu’ils le prétendirent – aucune connexion avec la foi. Mais Notre Prédécesseur Léon XIII, d’immortelle mémoire, dans son Encyclique Providentissimus Deus du 18 novembre 1893, a confondu à bon droit ces erreurs et réglé l’étude des Livres divins par des instructions et des directives très sages. » http://www.vatican.va/holy_father/pius_xii/encyclicals/documents/hf_p-xii_enc_30091943_divino-afflante-spiritu_fr.html


1 NdA : ces qualificatifs sont utilisés dans la suite du texte pour les personnes qui se sont déclarées publiquement telles (exemple, le physicien anglais Stephen W. Hawking se déclare athée, alors qu’il est plutôt déiste).

2 http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_academies/acdscien/2008/BOOKLET_10.pdf

3 NdA : vous avez compris ? Non ?  Ce n’est pas grave, Eschenmoser non plus…

4 NdA : ou 10, ou  bien 18 voire 25 milliards, selon la dernière valeur à la mode de la « variable » de Hubble.

5 Papabile, face à Ratzinger ; partisan d’une relativisation de la morale catholique en matière de contraception, d’avortement et de lutte anti SIDA.

6 NdA : L’Académie Pontificale pour la Vie a été fondée par J-P. II le 11 février 1994 (motu proprio « Vitæ Mysterium ») pour dessaisir l’APS des questions morales concernant la contraception, l’avortement, les manipulations génétiques et l’euthanasie. Son premier président fut le professeur  Jerôme Lejeune, décédé peu après, en avril 1994. Elle compte 51 membres et 72 correspondants. Elle est à l’origine de nombreuses études sur l’effet abortif des pilules, de la recherche sur cellules-souche adultes, de l’opposition argumentée à la contraception, l’avortement, les manipulations génétiques et l’euthanasie.
L’Académie Pontificale des Sciences Sociales créée le 1/1/1994 (motu proprio  Socialum Scientiarum), compte 31 membres et compense la faiblesse de l’APS dans les domaines sociologiques et éthiques.

7 http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/7030?eng=y et  http://www.kolbecenter.org/newletters/owen.nl9.aug2006.htm

8 Constitution dogmatique Dei Verbum  du 18 nov 1965 (Concile Vatican II).

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