La haine du démon

Par un moine

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La haine du démon[1]

Résumé : Dans nos sociétés éprises de rationalité, l’action démoniaque est minimisée et surtout mal comprise. Car son moteur est un sentiment : la haine. Cette haine rejaillit sur ceux qui rendent un culte au démon ou recourent simplement à son aide pour assouvir leur volonté propre. L’ennemi du genre humain se présente d’abord en ami ; c’est pourquoi il faut plusieurs initiations successives pour que les Francs-maçons en arrivent à accepter la pleine lumière : l’identité entre le « Grand Architecte » qu’ils vénèrent et le Prince de ce monde.

Alors il ne leur est plus possible de reculer ! C’est pourquoi la récitation du Pater est notre sauvegarde, pour nous chrétiens, donnée par le Rédempteur : l’appel à faire la Volonté du Père, Père commun de tous les hommes, est le meilleur antidote à la haine.

La haine du démon

« Votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer. »

Le démon rôde comme un lion rugissant. « Toute son épouvantable énergie est dirigée, sans cesse, avec le plus inlassable acharnement, contre l’œuvre de salut et de restauration [de Jésus-Christ]. »[2]

Par rapport à la haine du démon, celle d’un monstre comme Staline, ou Hitler, est comme un petit briquet à côté d’un énorme chalumeau, toujours allumé.

Cette haine est dirigée tout d’abord contre Dieu. Elle cherche à Le priver de Ses enfants. Pour l’éternité. En nous entraînant en enfer.

Cette haine veut que tout être humain soit un enfant rebelle, désobéissant, hostile à son Père du Ciel, sinon méprisant pour l’idée même d’un Dieu, d’un Père céleste qui nous aime et qui veut nous sauver des peines de l’enfer, et nous donner le bonheur incomparable de la vie éternelle au Ciel avec Lui.

Cette rébellion, cette désobéissance, cette hostilité, ce mépris, le démon  ne vit que pour les répandre partout dans le monde, parce qu’il hait suprêmement le Bon Dieu.

Trouve-t-il quelque chose qui s’y oppose ? Oui, il trouve l’œuvre de salut, l’œuvre de Jésus-Christ, la sainte Église du Bon Pasteur. Il n’y a aucune âme en enfer qui n’aurait pas été sauvée par une bonne confession.

Le diable veut donc que chaque être humain soit le plus possible éloigné du Bon Pasteur, qui seul peut nous amener à notre Père du Ciel. Le démon veut que le plus grand nombre possible d’hommes soient des brebis perdues, hors de l’Église, et adonnés aux fausses religions. Peu importe lesquelles, encore que le démon préfère la religion où lui-même est adoré. Non seulement il la préfère par orgueil, mais aussi parce qu’en le servant, ses adorateurs s’enfoncent dans le mal et dans leur rejet du Bon Dieu.

En le servant ? Mais oui, on doit obéir à un dieu. Sinon, l’adoration qu’on lui offre est bien creuse.

L’abbé René Laurentin écrit que, de nos jours, « Au Gabon (…) pour conquérir le pouvoir, des parents (…) sacrifient leurs enfants à Satan (…). Il est bien d’autres pays où des hommes politiques recourent discrètement à la magie, en Afrique et ailleurs ».[3]

Le démon cherche donc à répandre une corruption morale universelle, et à rendre l’Église aussi inefficace que possible.

La Franc-maçonnerie

Chose étrange, ce sont aussi les buts de la Franc-maçonnerie.

Une bonne étude récente sur cette secte conclut que celle-ci  cherche à « décatholiciser le monde [et à] mettre sur pied une société nouvelle, basée sur des principes contraires [aux dix commandements], et ouverte à l’occultisme ».[4] L’occultisme désigne ici les sectes ésotériques, le spiritisme, la magie et le satanisme. Ces choses sont maintenant popularisées, presque banalisées, par la musique satanique, par des livres pour enfants, et par le Nouvel Âge, entre autres.

La Franc-maçonnerie fait donc le travail du démon, et si elle veut que la société soit ouverte au satanisme, elle doit déjà elle-même y être ouverte. Si elle y est ouverte, le démon ne sera que trop content de l’embaucher dans son œuvre de corruption ? Et si ce n’était déjà lui qui déjà inspirait la Franc-maçonnerie dès le début, d’une façon ou d’une autre, ce qui est au moins probable, vu l’identité de leurs buts ?

Une connaissance élémentaire de la Franc-maçonnerie nous aidera à déjouer la malice et les embûches du démon. La Franc-maçonnerie est organisée en société secrète. Elle s’applique à décatholiciser et à corrompre la société par deux moyens : par l’infiltration, et par l’influence sur l’opinion publique.

Par infiltration : des Francs-maçons s’introduisent ou recrutent dans toutes les institutions et milieux qui peuvent leur être utiles pour corrompre la société ou pour attaquer l’Église. Par exemple, des institutions politiques, commerciales, financières, militaires, médicales, scolaires, médiatiques, culturelles, révolutionnaires et religieuses.

Ce n’est pas si difficile. « Un milieu quelconque devient manœuvrable à merci, du moment que des meneurs, perdus dans la masse, ont concerté secrètement la diffusion d’une idéologie et la prise du pouvoir. »[5]

Bien évidemment, ce ne sont pas les meneurs qui sont contrôlés par la masse, c’est celle-ci qui est dominée par leur manipulation.

Et quand le démon intervient dans les affaires d’un milieu maçonnique, ce ne sont pas les petits briquets qui donnent des ordres au chalumeau.

Pour manipuler l’opinion publique, la Franc-maçonnerie se sert non seulement des médias, mais aussi de chaque Franc-maçon. Il apprend les techniques les plus efficaces pour faire passer la propagande de la loge, en les subissant lui-même. Il va essayer de transformer son entourage dans la société en loge maçonnique informelle, et de transmettre à ses amis et à ses collègues les attitudes et les idées maçonniques, à leur insu.

À mesure que cette activité se répand, le monde se transforme en une énorme loge maçonnique informelle, à commencer par le monde médiatique.

Si les actions de quelqu’un contribuent à décatholiciser le monde, ou à organiser une société ouverte à l’occultisme et opposée aux dix commandements – par exemple en promouvant l’avortement – cette personne n’est pas nécessairement un adepte du démon ou de la Franc-maçonnerie ; mais elle fait leur travail.

Et nous, nous devons agir en sens contraire. Parce que nous devons aider à faire le travail des saints, des saints parmi nous ici-bas, et les saints ont « la jalousie de Dieu, ne supportant pas que l’amour et l’honneur dus au Seigneur ne Lui soient pas rendus ou soient accordés à d’autres qu’à Lui. »[6]

La continuité

Ce serait évidemment une erreur de penser que tous les braves Francs-maçons soient, en réalité, tous et chacun des satanistes. Ce sont plutôt leurs « idiots utiles », selon l’expression communiste. Mais alors, où est la continuité entre ces braves pions, et les serviteurs attitrés du démon ?

Eh bien, tout comme les Francs-maçons s’infiltrent dans des institutions pour les manipuler, eux-mêmes sont infiltrés et manipulés par d’autres sociétés encore plus secrètes. Lesquelles sont infiltrées et manipulées à leur tour, et ainsi de suite.

Nous le savons par les témoignages d’anciens adeptes, et par la découverte de documents confidentiels de ces sociétés, ceux, par exemple, des martinistes, des illuminati, des synarchistes et des carbonari.

C’est ainsi que, d’habitude, les Francs-maçons des grades inférieurs n’ont aucune idée des fins pour lesquelles ils sont manipulés par le niveau le plus secret de ce réseau diabolique.

Mais un Franc-maçon considéré comme fiable et utile, sera initié, s’il l’accepte, dans une de ces sociétés supérieures. Par exemple, à son entrée dans la Franc-maçonnerie, on aura expliqué à une personne nominalement chrétienne[7] que l’expression « Grand Architecte de l’Univers » est le nom maçonnique de Dieu. Pour un Franc-maçon athée, ce mystérieux Architecte ne sera que la personnification de l’humanité. Plus tard, si leurs supérieurs pensent que ces apprentis sont sûrs et capables de rendre service, ils les initieront à des croyances gnostiques, selon lesquelles l’univers est en train de se diviniser. On leur dira que les explications qui leur étaient données jusqu’ici étaient plutôt symboliques, mais qu’ils sont maintenant dignes de savoir qu’en réalité il n’y a pas de Dieu créateur (c’est déjà ce que pense l’athée), et que le Grand Architecte est le principe qui est en train de rendre le monde divin.

Plus tard, si on les croit toujours fiables et utiles, ils seront initiés à la doctrine secrète selon laquelle ce principe du monde est en réalité le prince de ce monde, c’est-à-dire une personne, le démon. Peu à peu ces initiés, qu’ils le veuillent consciemment ou non, se retrouvent aussi éloignés que possible de la religion qui nous unit au Bon Dieu. Plus ou moins « idiots utiles » avant cette ultime initiation, les voilà maintenant invités à servir le démon sciemment. Malheur à eux s’ils refusent !

Actuellement, l’entreprise de corruption universelle agit d’une façon relativement douce. Nous ne subissons plus les révolutions sanglantes du vingtième siècle, comme en Russie, peut-être parce qu’elles ne sont plus nécessaires. Tantôt plus, tantôt moins, les révolutionnaires en col blanc détiennent déjà le pouvoir.

Ils peuvent travailler assez tranquillement, et la corruption morale de la société progresse à petits pas, en toute légalité, non par la violence et la terreur, mais par une libération grisante, par la libération des commandements de Dieu.

Les limites

Imaginez un médecin qui « pourrait artificiellement rendre malade quelqu’un pour l’avoir comme patient perpétuel, mais sans le tuer ni le guérir. Ainsi est traitée la société par le démon : l’établissant de manière durable dans le désordre mental, social, économique et culturel, sans excès qui puisse lui faire échapper sa victime. »[8]

Mais il ne faut jamais oublier que le diable n’est pas un second dieu, comme l’enseignent certaines sectes : il ne peut faire que ce que notre Père du Ciel lui permet. De plus, beaucoup de choses lui échappent : les rivalités, les rébellions et les défections de ses serviteurs, « la complexité du réel où le meilleur et le pire, les méchants et les hommes de bonne volonté, se trouvent mêlés, enfin le rôle de la grâce qui, avec nos prières et notre action, arrive à déjouer les plans les mieux ajustés. »[9]

La connaissance de ce plan de corruption morale et d’agression contre l’Église et sa mission, nous aidera à déjouer la malice et les embûches du démon. « Résistez-lui, fermes dans la Foi – nous exhorte saint Pierre – Dieu vous fortifiera ». Ne supportons pas que l’amour et l’honneur dus au Seigneur ne Lui soient pas rendus ou soient accordés à d’autres qu’à Lui.

Prions souvent le Notre Père, la prière que Jésus nous a donnée précisément pour nous mettre dans la présence de notre Père du Ciel, pour nous faire penser à la sanctification de Son Nom, pour nous rappeler Son règne, Sa volonté, Sa Providence, l’importance du pardon, la tentation à vaincre (si on ne peut pas l’éviter) et la délivrance du mal.


[1] Sermon donné pour le 3e dimanche après la Pentecôte, le 3 juillet 2011, par un moine bénédictin de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux. Reproduction autorisée du Bulletin québécois UNAM SANCTAM, No. 4, Octobre-Décembre 2011.

[2] P. Denis FAHEY css., cité par Jean OUSSET, Pour qu’Il règne, DMM, 1986, p. 125.

[3] R. LAURENTIN, Le démon, mythe ou réalité ?, Paris, Fayard 1995, p. 208.

[4] Arnaud de LASSUS, Connaissance élémentaire de la Franc-maçonnerie (AFS, 5e édition, 2008), p. 181.

[5] J.-M. JOURDAN, « Les deux progressismes », Permanences n° 25 (décembre 1965), p. 64.

[6] Mgr THÉAS, cité par Jean OUSSET, op. cit , p. 523.

[7] N’oublions pas qu’il est interdit aux catholiques d’être Francs-maçons, sous peine de péché mortel (CDF, 26 novembre, 1983).

[8] « Le R.P.G.G. », « Le règne des Pharisiens : les pseudo-catholiques », Lecture et Tradition n° 389-90 (juillet-août 2009), p. 28.

[9] Daniel Jacob, « Derrière les Franc-maçonneries de papa », Permanences n° 32 (août-septembre 1966), p. 29.

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